Elections : les plus belles courses de l’année #2

Article rédigé par Johann Peyrot du blog Impressions Cyclistes

La saison 2013 est terminée. Il est maintenant temps de faire un bilan et de revenir sur les plus beaux moments de l’année. Après Paris-Roubaix, qui a été élue course de l’année, nous avons élues les plus belles épreuves de la saison.

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Course par étapes de l’année : l’Eneco Tour

Le choix peut paraître surprenant pour certains. Mais en terme de suspense, d’héroïsme, de scénario débridé, d’intérêt différent et renouvelé à chaque étape, c’est pour nous cette course qui s’impose. Pour le décors proposé, cette course mériterait déjà qu’on s’y attarde. Les parcours proposés couvrirent la Belgique et la Hollande, proposant chaque jour de nouvelles contrées à découvrir. Le cyclisme comme moyen de voyage a parfaitement été enregistré par cette épreuve. On put admirer la banlieue bruxelloise, puis les polders bétonnés de la mer du Nord, suivis des villages néerlandais champêtres, les côtes et forêts des Ardennes et pour finir les monts pavés de la Flandre.

Côté course, ce fut aussi merveilleusement varié. On eut droit aux coureurs piégeant le peloton au kilomètre avec Renshaw et Stybar, à un très beau contre-la-montre remporté par Chavanel, à un superbe sprint de Greipel le quatrième jour à la suite d’une étape remarquablement éprouvante par ses routes tortueuses et étroites, à l’écrasante victoire de Demare contre le champion du monde Philippe Gilbert, à des tentatives de bordures sur les polders hollandais et surtout à un incroyable dyptique reprenant les routes des classiques belges, d’abord un semblant de Liège-Bastogne-Liège qui révéla Tom Dumoulin au plus haut niveau, suivi d’une étape dédiée aux monts pavés qui permit la consécration de Stybar, omniprésent sur cette épreuve. Aucune autre course ne connut une aussi parfaite variation entre ses étapes, ni une telle montée en tension vers un final époustouflant, si ce n’est le Tour de l’Ain, mais où les scénarios de course n’atteignirent jamais le grandiose de ceux de l’Eneco Tour.

Étape de l’année : Reimst – Aywaille (Eneco Tour, étape 6)

Les choix commencent un peu à tourner en rond mais il faut bien avouer que si l’Eneco Tour a été choisi dans la catégorie précédente, c’est aussi à cause de cette étape. On aurait aussi pu choisir la sixième étape de Tirreno-Adriatico entre Porto Sant’Elpidio et Porto Sant’Elpidio, qui fut une galère sans nom sous la pluie, les coureurs devant effectuer à plusieurs reprises un mur trop difficile pour les organismes à cette époque. La seconde étape des Pyrénées sur le Tour aurait pu écraser cette catégorie mais le final ne fut pas à la hauteur du départ. L’étape choisie n’est pourtant pas un choix par défaut. Dans la réunion panache/drame/suspense/surprise, elle se pose en patronne. Sur Tirreno, il faut bien avouer que côté surprise et panache, l’étape est un peu plus faible.

Est-ce la longueur de l’étape (140 km) ? Il faut avouer que celle-ci connut peu de phases creuses. L’échappée mit cinquante kilomètres à se former. Une heure de calme plus prononcé et voilà que ça repart. A soixante kilomètres de la ligne, le peloton s’agitait déjà dans la première ascension de la Redoute. Le parcours superbement tracé enchaînait sans cesse des bosses toutes plus ardues les unes que les autres, n’oubliant pas pourtant les phases de replat qui sont souvent des vecteurs de course tactique.

Ce fut surtout l’occasion de découvrir Tom Dumoulin, véritable héros de cette étape. A 50 kilomètres de l’arrivée, Philippe Gilbert chutait. Tom Dumoulin aussi. Ce dernier, à domicile, mit trop de temps à se relever, revint tardivement dans un groupe avancé, mais ne put accrocher les assaillants déjà partis. A l’avant Tom Wellens se déchaînait tandis que trois hommes se détachaient dans l’échappée. Un groupe d’une quinzaine de coureurs se forma devant les restes dispersés du peloton. Dumoulin, placé au général, fut immense : il tracta tout le groupe dans l’optique de distancer Boom, Chavanel et consorts. Les coureurs étaient dispersés de partout. Seul Dumoulin savait où il allait, ignorant la présence gênante de Stybar dans sa roue, maîtrisant au possible les attaques inévitables, se remettant à rouler, revenant progressivement sur les échappées. Stybar, dans l’ultime montée de la Redoute, tenta bien de reprendre les hommes à l’avant, mais butta sur l’ultime coup de rein de David Lopez. Ce fut un grand bazar, mais couplé d’un panache digne des plus grands. La jeunesse et les nouveaux arrivants avaient pris le pouvoir.

Grand Tour de l’année : le Tour de France

Nous nous devions de faire un choix entre les trois Grands Tours. Déjà, éliminons le Tour d’Espagne, qui, certes, connut un suspense sympathique pour le classement général mais n’eut aucune étape digne de ce nom, si ce n’est à cause du temps dans les Pyrénées, s’appuyant sur un système de courses de côtes critiquable. Les étapes de plaine furent molles et ennuyeuses, malgré la surprise d’un Tony Martin, qui faillit s’imposer après une échappée solitaire de 175 kilomètres. Pour le Giro on eut droit à de superbes étapes de plaine, toutes plus bordéliques les unes que les autres, mais pour ce qui est de la lutte au général, les conditions météo catastrophiques et la domination de Nibali empêchèrent tout attrait. Non, il faut bien avouer que le Tour est vainqueur un peu par défaut.

Pas totalement. La lutte au général fut assez frustrante, car dominée rapidement par Chris Froome, mais elle ne fut pas ennuyeuse. Celui-ci ayant été parfois en difficulté, parfois (rarement) attaqué ; c’est surtout la bataille pour le podium entre Quintana, Rodriguez, Valverde et Mollema un temps, et Contador qui a été intéressante. Surtout, c’est sur le Tour de France qu’il y a eu des étapes très attrayantes. On eut le bazar issu du car Orica, les routes sinueuses de Corse (quoique mal employées), le coup de folie des Cannondale à 100 kilomètres de la ligne sur l’étape d’Albi, les bordures de Saint-Amand-Montrond, Froome attaquant dès le premier col de la seconde étape des Pyrénées… Un seul Grand Tour cette année proposa autre chose que de simples courses de côte entre les favoris (et encore, un Contador en forme aurait probablement pu provoquer plus de remous). Rien que pour cette raison, la Grande Boucle 2013 est à saluer.

Vidéo : 6e étape de l’Eneco Tour

A suivre…

Photo : AFP


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