L’UCI crée un protocole pour les commotions cérébrales

L’Union Cycliste Internationale (UCI) a publié jeudi un protocole de prise en charge des commotions cérébrales qui s’appliquera à l’ensemble des disciplines cyclistes du calendrier UCI à partir de la saison 2021. Mis en place grâce aux travaux menés par un groupe d’experts internationaux depuis 2019, ce protocole fait suite aux accidents intervenus en course, comme celui de Romain Bardet sur le dernier Tour de France. Tombé lourdement lors de la 13e étape, le Français était reparti et avait terminé l’étape alors qu’il souffrait d’une commotion cérébrale.

Communiqué de l’UCI :

L’Union Cycliste Internationale (UCI) publie aujourd’hui le protocole de prise en charge des commotions cérébrales qui s’appliquera à l’ensemble des disciplines cyclistes du Calendrier International UCI à partir de la saison 2021.

Ce protocole est le fruit d’une réflexion et de travaux menés depuis 2019 par un groupe d’experts internationaux (médecins, scientifiques et neurologues), sous la responsabilité du Directeur Médical de l’UCI, le Professeur Xavier Bigard.

Les commotions cérébrales comportent un risque sur le plan neurocognitif (effets sur la mémoire, l’élocution et la capacité de réaction) qui justifie leur reconnaissance et leur prise en charge rapides.

Le protocole s’inspire du consensus de Berlin (2017), tronc commun de règles générales qui établit un ensemble de mesures et d’outils pour le diagnostic rapide et la prise en charge de l’athlète, et que chaque sport doit adapter en fonction de ses spécificités .

Ce protocole fixe des recommandations qui tiennent compte des particularités du sport cycliste, pour lequel la prise en charge des commotions cérébrales, qui représentent de 1,3 % à 9,1 % des blessures suivant les études, varie significativement au sein de ses huit disciplines (cyclisme sur route, cyclisme sur piste, mountain bike, BMX Racing, BMX Freestyle, cyclo-cross, trial et cyclisme en salle).

La principale difficulté à laquelle le cyclisme est confronté réside dans la rapidité d’accès au coureur blessé et la capacité des intervenants à extraire celui-ci du terrain ou de la piste pour confirmer le diagnostic et prendre une décision rapide (retrait ou réintégration) dans l’intérêt du coureur et des autres participants. Les disciplines de la route, du mountain bike (cross-country olympique et Marathon) et de la piste (Omnium) sont de ce point de vue les plus à risque, à l’inverse par exemple du BMX Racing, du BMX Freestyle, du trial, du cyclisme en salle ou d’autres épreuves de cyclisme sur piste, pour lesquelles les délais d’intervention sont courts et le médecin dispose du temps nécessaire pour confirmer le diagnostic de commotion.

Pour répondre à cet obstacle, le protocole recommande que les non-professionnels de santé (en particulier les entraîneurs, les Directeurs Sportifs, les mécaniciens et les coureurs) soient formés à la reconnaissance des signes suspects de commotion cérébrale, puisqu’ils sont le plus souvent les premiers sur place après la chute du coureur. Le protocole précise les gestes-réflexes qui permettent d’évaluer la condition de l’athlète (hébétude, équilibre, maux de tête, élocution, vision) et de prendre la décision appropriée dans un délai optimal, au bord de la route ou de la piste. Des supports de formation, sous forme de fiches-réflexes seront publiés, qui permettront aux non-médecins de reconnaître les premiers signes suspects de commotion.

Devant ces signes de suspicion, le diagnostic devra être confirmé par le médecin de course. En l’absence de signes suspects initiaux, le coureur devra être surveillé par le service médical, et un examen standard comportant entre autres un test d’orientation dans le temps et l’espace (questionnaire de Maddocks) et de maintien de l’équilibre pourra être réalisé à tout moment.

Dans tous les cas, le coureur devra passer un examen plus complet après la course utilisant l’outil SCAT5 (approche neurocognitive), et cet examen devra être renouvelé le lendemain matin.

Le protocole établit également les recommandations du retour à la compétition. L’athlète ayant subi une commotion cérébrale devra bénéficier d’une période de repos complet (de 24 à 48 heures) et ne devra pas effectuer son retour à la compétition avant une semaine au minimum (deux semaines pour les Juniors) après résolution des symptômes.

La déclaration médicale obligatoire des cas de commotion cérébrale au Directeur Médical de l’UCI fait partie des recommandations du protocole. Les études médicales et scientifiques ont démontré que des chocs répétés peuvent avoir des conséquences importantes sur le plan neurobiologique pour l’athlète. Outre ce suivi, la déclaration médicale pourra garantir également une traçabilité individuelle des commotions cérébrales et permettra d’établir de manière plus précise leur prévalence dans les différentes disciplines du cyclisme.

En vue de l’introduction du protocole en 2021, le Règlement Médical de l’UCI sera modifié par le Comité Directeur de janvier 2021, qui se tiendra à Ostende (Belgique), en marge des Championnats du Monde Cyclo-cross UCI, dans le but d’y intégrer les recommandations établies par le groupe d’experts.

Directeur Médical de l’UCI, le Professeur Xavier Bigard a déclaré : « La question des commotions cérébrales était l’une de mes priorités, avec le mésusage du tramadol, lorsque je suis arrivé à l’UCI en 2018. Le cyclisme dispose dorénavant de recommandations qui encadrent la prise en charge des commotions cérébrales du coureur dans ses différentes phases (reconnaissance initiale, diagnostic, réhabilitation et retour à la compétition). Ce protocole s’applique à toutes les disciplines tout en prenant en compte les particularités de certaines d’entre elles. Il permettra enfin d’obtenir une meilleure traçabilité individuelle des commotions et de mieux comprendre la place qu’elles occupent dans la traumatologie du cyclisme. »

Le document intégral est disponible ici (version française à venir)


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