Article rédigé par Johann Peyrot du blog Impressions Cyclistes
Le début de saison illustre de manière flagrante l’internationalisation du cyclisme. Finie l’époque où Paris-Nice relançait fièrement l’activité des routiers. L’heure est à la dissémination. Les coureurs se dispersent, se répartissent entre les différents continents selon leurs envies, leurs choix, leurs contraintes. Si l’Europe constitue toujours une rentrée pour certains, d’autres recherchent la chaleur du Sud, l’altitude argentine, la vitesse australienne. Petit tour d’horizon.
Le Tour Down Under
Le Tour Down Under a été la première épreuve non-européenne à accueillir le World Tour. Si à l’époque les réactions ont été plutôt froides, force est de constater qu’en dehors de l’obligation de participation inhérente au système World Tour, cette course est aujourd’hui devenue un incontournable en termes de préparation. Le terrain australien est surtout couru des sprinteurs et puncheurs. La raison ? Son parcours peu exigeant, du moins pas favorable à des grimpeurs, et ses nombreuses arrivées massives ou en petit comité, permettant de roder un train ou d’acquérir du rythme en vue du début de saison.
La course a intériorisé ce double tableau. Ceux qui se rendent sur cette épreuve sont là pour faire du rythme, reprendre des réflexes de peloton, travailler des automatismes. Les étapes ne sont pas excessivement longues, au mieux 150 kilomètres, et sont peu accidentées, mais néanmoins nerveuses. Les intéressés sont donc principalement les puncheurs qui visent un beau début de saison, les sprinteurs venus en force et quelques locaux heureux d’évoluer sur le sol national.
Coureurs notables : André Greipel, Marcel Kittel, Simon Gerrans, Fränk Schleck, Cadel Evans, Giovanni Visconti, Richie Porte, Geraint Thomas
Le Tour de San Luis
Classé en catégorie 2.1 de l’UCI America Tour, le Tour de San Luis est par conséquent ouvert aux UCI Pro Teams dans la limite de 50 % des équipes participantes, aux équipes continentales professionnelles, aux équipes continentales et à des équipes nationales.
Le Tour de San Luis s’est depuis quelques temps imposé comme le répondant incontournable au Tour Down Under. Si la course australienne a fait sa place parmi les épreuves dynamiques, le Tour de San Luis a quant à lui choisi la montagne. Ici, le but n’est pas de faire du rythme, mais de prendre de la caisse. Accumuler des jours de course et retrouver au plus tôt la montagne. Les étapes se rallongent, jusqu’à 180 km, le dénivelé s’accentue et le rythme de course sans aucun doute se fait plus lent, plus pondéré, plus progressif. Si les sprinteurs ont droit à quelques accessits, ce sont surtout les hommes de courses par étapes qui sont visés cette année, avec trois arrivées au sommet et un contre-la-montre de 20 km.
Le Tour Down Under n’offrant pas nécessairement l’effort recherché, la majorité des leaders préfèrent débuter sur les routes d’Argentine. Ce n’est pas pour autant qu’ils y dominent : en 2013, la victoire de l’argentin Daniel Diaz au général et les performances du brésilien Alex Diniz ont prouvé l’inverse. Seuls les sprints demeurent fermés aux coureurs locaux.
Coureurs notables : Carlos Betancur, Vincenzo Nibali, Peter Sagan, Jurgen Van den Broeck, Nairo Quintana, Marc Cavendish, Joaquim Rodriguez
La Tropicale Amissa Bongo
Classée en catégorie 2.1 de l’UCI Africa Tour, la Tropicale Amissa Bongo est par conséquent ouverte aux UCI ProTeams dans la limite de 50 % des équipes participantes, aux équipes continentales professionnelles, aux équipes continentales et, éventuellement, à des équipes nationales.
Le calendrier de course africain est essentiellement hivernal. La raison en est évidente. La Tropicale Amissa Bongo n’est donc qu’une épreuve au cœur de ce calendrier parallèle. Les européens en reprise y affrontent des africains déjà gonflés à bloc et désireux de se confronter à leurs collègues de l’autre continent, à quelques équipes continentales trouvant dans la chaleur gabonaise un terrain d’entraînement privilégié. Car il faut bien l’avouer : la Tropicale est un refuge pour les contientales qui ne peuvent aller au Down Under. En revanche, Europcar, qui a intégré le World Tour cette saison, sera de la partie. Mais la formation de Jean-René Bernaudau est une habituée : elle y va maintenant plus par tradition que par nécessité.
L’absence de niveau élevé permet une reprise relativement douce, et surtout de bien commencer la saison en tentant d’aller chercher quelques victoires, là où le Tour Down Under et le Tour de San Luis sont beaucoup plus disputés. Cela n’empêche pas quelques noms de s’afficher au départ de l’épreuve, comme cette année avec un Luis Léon Sanchez descendu chez Cara Rural qui s’annonce comme la star de l’édition 2014.
Coureurs notables : Luis Léon Sanchez, Linus Gerdemann, John-Lee Augustyn, Adrien Petit, Natnael Berhane, Yohann Gène
Conclusion
Les courses européennes ne reprennent qu’en février avec le Grand Prix La Marseillaise le 2 février, puis en France l’Etoile de Bessèges et en Espagne le Challenge de Majorque pour les courses par étapes. Aujourd’hui, la course est une part intégrante de l’entraînement et, pour prendre de la caisse, les professionnels préfèrent ces compétitions aux long entraînements solitaires dans le froid hivernal. Le cocon protecteur d’un peloton est beaucoup plus agréable. L’internationalisation permettant de participer à des épreuves au chaud, sur d’autres continents, pourquoi s’en priver ? Demeurent malgré tout des contraintes, surtout pour les petites équipes et les coureurs qui ne supportent pas le changement de température, le décalage horaire et qui n’aiment pas briser leurs habitudes par une reprise précoce de la compétition. Tout le monde n’a pas sa place dans les courses au soleil, et tout le monde ne décide pas du même mode de préparation.
De plus, ce ne sont que des courses de préparation, et si le Tour Down Wnder restreint aux équipes World Tour ne sourit qu’à des coureurs de haut-niveau, le Tour de San Luis et, dans une moindre mesure, la Tropicale Amissa Bongo permettent à des coureurs invisibles sur le plan international de faire éclater leur talent au grand jour, médiatisés par la lumière des grands champions venus pour un simple entraînement. C’est sans doute dans ce sens que la mondialisation apporte au cyclisme, quand les coureurs de la région ont la place de s’exprimer, quand le public local répond présent et assiste au défilé des coureurs, bien plus que dans les courses chinoises contraintes de fin de saison qui, malgré le changement de lieu, ne diffèrent en rien des courses européennes.
Johann Peyrot
Photo : Sirotti
On se rend compte tout de même que le manque de montagne en Australie a profité à la Ruta de San Luis qui accueille un meilleur gratin que le TDU. Sinon, la Tropicale Amissale Bongo progresse de plus en plus au fil des années.