Après AG2R la Mondiale et la FDJ.fr, le Team Europcar a obtenu sa licence World Tour, le mardi 10 décembre. L’équipe de Jean-René Bernaudeau intègre l’élite du cyclisme et va participer à toutes les grandes courses la saison prochaine, dont les trois grands tours.
Europcar, c’est toute une histoire !
Europcar n’est que le descendant de nombreux sponsors qu’a côtoyé Jean-René Bernaudeau. Alors qu’il fonde en 1991 l’actuel centre de formation Vendée U, il crée neuf ans plus tard sa première équipe, Bonjour-Toupargel, qui deviendra Bonjour l’année suivante avant de changer à nouveau de sponsor.
Malgré une année réussie avec Brioches La Boulangère et un Thomas Voeckler maillot jaune pendant dix jours sur le Tour de France 2004, ce sponsor ne reste pas et Bouygues Télécom reprend en charge la formation. Les résultats sont là et, en 2005, l’équipe vendéenne intègre l’UCI Pro Tour. Pendant trois ans, celle-ci parvient à se maintenir dans l’élite cycliste internationale. Mais, sous le nom de BBox Bouygues Télécom, elle entame une quatrième saison qui va s’avérer néfaste.
Après des résultats décevants, elle est reléguée en Continental par l’UCI et le partenariat avec le groupe français s’arrête. Jean-René Bernaudeau doit reconstruire son équipe pour attaquer une année 2011 avec un nouveau sponsor : Europcar. Bizarrement, cette descente en deuxième division aura eu un effet positif, puisque les succès se sont enchaînés. Après une première moitié de saison réussie et un Critérium du Dauphiné excellent, Thomas Voeckler brille sur le Tour de France 2011, où il refait le même coup qu’il y a sept ans. A Saint-Flour, il prend la deuxième place de l’étape et le Maillot Jaune, qu’il ne rendra que dix jours plus tard. Pierre Rolland, 25 ans, est découvert au grand public en remportant l’étape de l’Alpe-d’Huez ainsi que le Maillot Blanc du meilleur jeune. Ce dernier se classe 10ème de la Grande Boucle tandis que Voeckler finit au pied du podium.
Malgré l’échec de l’obtention d’une licence World Tour, le team Europcar repart avec de bonnes intentions en 2012. Thomas Voeckler fait ses classes sur les classiques ardennaises en remportant notamment la Flèche Brabançonne. Sur la Petite Reine, l’équipe vendéenne est encore très active, remportant trois étapes et le classement du meilleur grimpeur grâce à son leader Thomas Voeckler, le chouchou des Français. Le Team Europcar se présente en 2013 comme un sérieux concurrent pour une accession en première division.
2013, une année de transition
Et « ce retour parmi le gratin », comme le titrait parfaitement L’Equipe, est intervenu le mardi 10 décembre avec l’annonce – par l’UCI – du retour de l’équipe de Jean-René Bernaudeau parmi l’élite. 2013 fut ce genre d’année où nous espérions plus que ce que la formation française a pu nous offrir. Pourtant, le début de saison fut prometteur avec un Bryan Coquard en forme, sans doute sur la lancée de sa médaille d’argent obtenue lors des JO de Londres. Sur piste comme sur route, il est rapide et a permis à Europcar de remporter de précieux succès sur l’Etoile de Bessèges et sur le Tour de Langkawi, en décrochant deux bouquets dans chaque épreuve.
Bryan Coquard n’a pas été le seul coureur à briller en ce début de la saison. Damien Gaudin a enfilé le Maillot Jaune sur Paris-Nice, suite à sa victoire sur le prologue d’Houilles. Les succès se sont ensuite enchainés avec l’espoir du cyclisme érythréen, Natnael Berhane, sur le Tour de Turquie ; David Veilleux et Thomas Voeckler ont tous deux remporté une victoire d’étape sur le Critérium du Dauphiné ; Yukiya Arashiro a été sacré champion du Japon sur route…
Mais ces succès n’ont pas duré bien longtemps. Le Tour de France a clairement été le couac de cette année 2O13. Après de nombreuses victoires en début d’année, on s’attendait à une Grande Boucle grandiose de la part de la formation Europcar. Malheureusement, entre un Thomas Voeckler peu en vue et un Pierre Rolland peu en jambes, qui n’a porté le maillot à pois que quelques jours, le succès n’était pas au rendez-vous. Après deux Grandes Boucles réussies, en 2011 et 2012, l’équipe s’est ramassée en 2013.
La fin de saison a approché à grands pas et nous n’attenduons qu’une seule chose : est-ce qu’Europcar sera dans le World Tour la saison prochaine ? La réponse fut positive. Il reste maintenant à Andy Flickinger, Jean-René Bernaudeau et consort à définir un plan pour la saison à venir.
Bryan Coquard, l’avenir de l’équipe ?
C’est l’une des révélations de la saison 2013. Bryan Coquard n’avait pas une mission simple : passer de la piste à la route pour aider son équipe à réintégrer la première division. Il l’a amplement remplie avec neuf succès dont deux sur l’Etoile de Bessèges. S’il souhaite se reconcentrer sur la piste pour les JO 2016 à Rio, il n’empêche qu’il a des ambitions pour la saison à venir. Il a déjà exprimé le désir de participer au prochain Tour de France. Mais, avec le nouveau statut de son équipe, il peut s’ouvrir à d’autres compétitions. On pense notamment à Paris-Nice, pour préparer une éventuelle Grande Boucle.
Mais, au-delà de l’année 2013, c’est sa progression fulgurante qui a impressionné. Au classement individuel de l’UCI Europe Tour, il est passé de la 1222ème place en 2011 à la deuxième en 2013 ! Cela montre clairement le talent de ce jeune sprinteur. A 21 ans, Bryan Coquard est sans aucun doute l’avenir de l’équipe vendéenne.
Quelle stratégie adopter ?
Hormis Bryan Coquard, sprinteur numéro un de l’équipe, il faudra trouver une stratégie pour vivre cette année 2014 de la meilleure des façons. L’équipe participera aux trois grands tours : Pierre Rolland, leader principal en montagne, ne pourra pas être partout et Europcar ciblera probablement les victoires d’étapes. Romain Sicard, l’une des recrues phares de l’équipe, devrait apporter un plus en montagne. Jimmy Engoulvent, arrivé de Sojasun, sera un élément important dans les contre-la-montre. Mais, à 34 ans, il n’a peut-être plus la même forme qu’avant.
Le problème, ce sont les départs. Si Thomas Voeckler, malgré ses 34 ans, peut tenir la baraque dans les Ardennes, quid des pavés ? Les départs de Damien Gaudin et de Sébastien Turgot n’ont pas été une très bonne chose pour l’équipe, sachant qu’ils auraient pu apporter beaucoup. Europcar devra aussi faire sans Anthony Charteau, baroudeur de l’extrême et maillot à pois en 2010, et sans David Veilleux, qui ont tous deux pris leur retraite.
Malgré l’intégration d’Europcar parmi l’élite, des questions se posent quant à la résistance de l’équipe de Jean-René Bernaudeau et d’Andy Flickinger. L’effectif semble un peu court pour les courses qui vont s’accumuler tout au long de la saison 2014, une saison où Europcar sera très attendue.
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