Elections : les meilleurs coureurs de l’année #4

Article rédigé par Johann Peyrot du blog Impressions Cyclistes

Après les plus belles courses de l’année, nous avons élu les meilleurs coureurs de la saison. Voici la suite et la fin des résultats.

Vuelta 2013 - Chris Horner

Équipier de l’année : Tanel Kangert

Cette catégorie est toujours un problème. L’équipier, par définition, ne se met pas en avant. Son seul rôle est d’accompagner son leader au maximum et de lui éviter des efforts inutiles. Sa visibilité est donc très limitée. Sans compter la diversité des spécialisations. Faut-il récompenser Geoffrey Soupe pour son travail de poisson-pilote ? Sylvain Chavanel pour ses innombrables kilomètres passés à l’avant du peloton ? Richie Porte pour son dévouement acharné aux côtés de Froome ? Stuart O’Grady pour son rôle de capitaine de route ?

Le choix de l’équipier de l’année est d’une absolue subjectivité. Si nous avons nommé Tanel Kangert, c’est pour une performance bien précise : son Tour d’Italie. Sur le Giro, un homme planait au-dessus de la mêlée : Vincenzo Nibali. Cette domination fut encore renforcée par la présence de Tanel Kangert ; peu importe où Nibali était, Kangert demeurait toujours à ses côtés pour l’épauler. Sur les chronos, il lui donna les temps de référence. Un simple regard suffisait. Kangert se portait à l’avant, accélérait, et installait Nibali dans un fauteuil. Le Requin de Messine n’avait plus qu’à conclure.

Confirmation de l’année : Michal Kwiatkowski

On se doutait bien que ce coureur prolifique chez les juniors arriverait un moment ou un autre au plus haut niveau. L’année dernière, des prémices intéressantes s’étaient dévoilés (une deuxième place au Tour de Pologne et une huitième place à l’Eneco Tour), mais rien ne laissait penser que son talent éclaterait de si belle manière. Il s’est simplement révélé comme capable de triompher sur toutes les épreuves, sprints exceptés. Des Flandriennes aux grands tours.

Il monta en puissance avec une quatrième place à Tirreno-Adriatico. Il eut ensuite un rôle actif sur les Flandriennes, en démontre sa prestation – non récompensée – sur le Tour des Flandres. Puis, il enchaîna. Quatrième de l’Amstel Gold Race. Cinquième de la Flèche Wallonne. Il était clair qu’il disposait d’une superbe puissance couplée d’une belle explosivité. Puis arriva le Tour de France et sa révélation aux yeux du grand public. Kwiatkowski se permettait tout : des sprints en petit comité contre Peter Sagan  jusqu’aux offensives dans les étapes de haute montagne (Bagnères-de-Bigorre), en passant par des performances sur les contre-la-montre (5ème au Mont Saint-Michel). Onzième au général à seulement 23 ans, toutes les possibilités s’ouvrent à lui. On a hâte de le retrouver l’année prochaine. D’autant qu’il nous a déjà gratifié déjà de son esprit offensif.

Découverte de l’année : Tom Dumoulin

On n’oserait dire que Tom Dumoulin n’avait aucune référence de peine de se faire lyncher. Mais pour le suiveur lambda, son patronyme était inconnu. Et si son nom parvenait aux oreilles, c’était comme un espoir intéressant dans les chronos. En aucun cas on en s’attendait à découvrir un pareil champion. Par champion, on entend surtout « l’esprit » ; le physique compte mais la base des champions est leur mental si particulier. Jens Voigt est un champion. Wiggins ne l’est pas.

Le Tour de Belgique fut sa première performance intéressante de l’année. Il a terminé deuxième du contre-la-montre et cinquième du classement final en ayant courageusement résisté aux puncheurs. Mais ce n’était rien face à sa démonstration sur l’Eneco Tour. Je l’ai déjà évoqué dans les courses de l’année donc inutile d’y revenir. Rappelons seulement son héroïsme incroyable face à un groupe collé à sa roue. D’un seul coup, Tom Dumoulin changea de dimension. Les regards se modifièrent. Puis, comme pour confirmer cette double capacité entre contre-la-montre et les classiques, il s’autorisa une sixième place au Grand Prix de Wallonie et une 18ème sur le Tour de Lombardie.

Papi de l’année : Chris Horner

Quand Chris Horner prit le maillot rouge sur les routes du Tour d’Espagne, tout le monde s’accordait pour voir l’ancêtre se faire enterrer en vitesse par ses jeunes concurrents. Que l’intéressé affirme l’inverse n’y changeait rien. On lui riait au nez. Puis vint la première étape de montagne. Les discours s’emballèrent dans un autre sens : la suspicion de dopage se réinstalla instantanément dans les esprits. Et Chris Horner de gagner la Vuelta. On ressortait les dossiers, on consultait les palmarès et on s’apercevait qu’en 2011 Horner aurait pu prétendre à remporter le Tour. La longévité hallucinante du bonhomme prenait sens, et si elle ne brisait pas la suspicion, emportait une commune sidération. 42 ans, plus aucun cheveux, et toujours la niaque.

Foirage de l’année : Jonathan Tiernan-Locke

A côté, la saison de Juan José Cobo est resplendissante. Non seulement les résultats sont inexistants, mais Jonathan Tiernan-Locke n’a servi à rien tout au long de l’année. C’est à peine s’il a réussi à achever le Tour de Suisse. Meilleure performance ? Une 63ème place au Grand Prix de Québec. Pour le reste, c’est seulement 34 jours de course avec 9 abandons, soit près de 25 % de ses participations. L’expression « traverser la saison comme un fantôme » trouve pleinement son sens. L’Anglais attribut cette défaillance à un surentraînement issu du modèle de la Sky. D’autres y voient le rôle du dopage, oubliant que l’arrêt ne provoque pas de telles mises en retrait. On verra bien l’année prochaine, si jamais il court puisqu’il a été suspendu par la Sky en raison d’une « infraction aux règles anti-dopage ».

Suceur de roues de l’année : Alejandro Valverde

Le Trofeo Serra de Tramuntana Deià-Lluc et le Tour d’Andalousie. Ses seules victoires de la saison. Quand on a les capacités physiques d’Alejandro Valverde et quand on a été présent aussi souvent dans le calendrier international, c’est très peu. A quoi la faute ? Sans doute à une attente trop importante de ses capacités de sprinter. Peter Sagan a connu en partie les mêmes problèmes mais a su réagir : ses deux classiques glanées en 2013 furent obtenues en solitaire. Valverde, lui, est resté coincé dans son attentisme. Les premières étapes obtenues par des seconds couteaux sur la Vuelta en sont la démonstration éclatante.

Le cas le plus flagrant est la Classique de San Sebastian. Valverde se retrouve isolé derrière Tony Gallopin, entouré de quatre coureurs de deux équipes différentes. C’est lui qui disposait de la plus grande pointe de vitesse. Plutôt que de prendre ses responsabilité et prendre le risque de se faire contrer, il décida de s’appuyer sur la supériorité numérique des autres. Résultat ? Victoire de Gallopin en solitaire. Mais le championnat du monde nous a poussé à le choisir comme le suceur de roue de l’année. Il n’avait qu’à suivre Rui Costa. Mais Valverde, dans sa volonté de s’économiser toujours plus, laissa Vincenzo Nibali faire l’effort. Puis, devant les pleurs de Joaquim Rodriguez, il n’a même pas eu la décence de compatir et préfèra plaisanter avec son équipier de marque.

Malheureux de l’année : Maximiliano Richeze

Huit deuxième places. Six troisième place. Une énorme occasion manquée à l’Eneco Tour face à Zdenek Stybar. Des échecs sur le Tour d’Espagne qui aurait pu embellir sa saison. Peu importe la concurrence. Quand ça veut pas, ça veut pas. Yauheni Hutarovich le sait bien.

Vidéo : Chris Horner impressionne sur la Vuelta

Photo : Getty Images


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